Par Maxime Caperan
Voilà maintenant deux ans que j’attendais avec impatience le nouveau Paul Haggis. Ce grand scénariste m’avait profondément ému avec son Collision. C’est donc en solitaire, car selon moi il faut être seul pour affronter ce genre de film, que je me suis rendu au cinéma.
Haggis est un formidable modeleur d’histoire. Il parvient à insérer une totale vraisemblance dans une construction pourtant complexe. Je dois cependant reconnaître que malgré le fait que ce film m’ait transporté, un sentiment indéfinissable m’a gêné durant tout le long. In the Valley of Elah traite essentiellement du thème de la désillusion : désillusion d’un homme vis-à-vis de son fils, de son pays, de ses idéaux…
Tout ce qui caractérisait sa vie s’écroule peu à peu. Les yeux fermés, cet homme était fidèle et confiant à l’égard de l’Amérique. La mort de son fils constitue ici une sorte de réveil brutal, une prise de conscience douloureuse. Une question s’empare peu à peu de son esprit : "Comment ce pays a t’il pu faire de mon fils un monstre ?" Face à cet univers où l’alcool, la violence et le sexe sont omniprésents, il finit par ne plus pouvoir maîtriser son désir de vengeance. Il s’acharne sur un innocent alors qu’il est dans l’incapacité totale d’effectuer le moindre geste devant le coupable. Le non-sens absolu de cette histoire le dépasse et le conduit à une vérité amère. La culpabilité le ronge. Il ne peut se pardonner d’avoir entraîner son fils dans un conflit qui l’a détruit. Un symbole anéantit peu à peu l’humanité. Le patriotisme a assassiné son fils et ne l’a conduit qu’à des erreurs impardonnables. Le drapeau, symbole illusoire d’une toute puissance, change de sens. L’homme, interprété de façon magistrale par Tommy Lee Jones tout en nuances, vient de réaliser que son pays va mal.
Haggis se glisse à merveille dans le mouvement critique actuel. Il signe un film engagé et délibérément contre la politique de Bush en Irak. La vallée d’Elah est le lieu où David à affronté Goliath mais également l’endroit où un jeune soldat américain persuadé de sa puissance se fait anéantir psychologiquement par la mort d’un enfant irakien. David, quelle que soit la période de l’histoire, continuera à vaincre Goliath. Au final, ce qui m’a gêné de ce film c’est l’image de la réalité. Je tiens encore à vivre dans l’illusion.
dimanche 25 novembre 2007
mercredi 21 novembre 2007
Paranoid park : seulement excellent, dommage...
Par Felix
Qu'est-ce qu'un chef d'oeuvre sinon un accomplissement ?
Historiquement, un chef d'oeuvre est la preuve de l'excellence que doit présenter l'artisan pour être promu à la maîtrise dans sa corporation. Hegel, lui, disait que les chefs-d'œuvre sont goûtés « de toutes les nations et de toutes les époques ».
On a souvent tendance aujourd'hui à trop facilement qualifier comme tel un excellent film (ou roman, ou oeuvre musicale, etc...) mais on peut s'interroger : qu'est-ce qui différencie un Citizen Kane, (chef d'oeuvre absolu), un A bout de souffle (coup de maître), d'un Elephant, d'un Paranoid park ( le souffle divin qui a touché les précédents, mais effleuré à peine ces derniers) ? Au risque de décevoir ou plutôt de soulager, on n'aura pas ici la prétention de tenter de répondre à cette question, mais simplement d'encenser avec réserve le dernier film d'un auteur qui peu à peu se rapproche de la perfection en attendant de voir sur lui descendre le génie.
Deux ans après Last Days, rêverie rock-mythologique, lente, contemplative et pour certains, soporifique, Gus Van Sant est à nouveau présent dans les salles obscures, proposant un film où resurgissent ses thèmes favoris, avec la maitrise qu'on lui connait sans jamais ni lasser, ni décevoir, ni surprendre...
En effet, le cinéaste de Portland aime toujours autant les adolescents (savez vous que 7 % de l'oeuvre de Gus Van Sant se passe dans des couloirs de lycée ? C'est beaucoup; à titre de comparaison, seuls 4 % des plans de Stanley Kubrick sont des travelling arrière... ) et son talent pour bâtir des personnages à la psychologie complexe et réaliste est inchangé.
Le degré de naturel, de fraicheur et de tension qui émane des comédiens, quasiment tous amateurs, à l'image de Gabriel Nevins, touchant et mystérieux, (ou encore du chef opérateur Christopher Doyle, qui apparait brièvement), révèlent une excellente direction d'acteurs, au service d'une narration fine et intrigante. En effet, par rapport aux autres films de Gus Van Sant, c'est là que me semble résider un des succcès artistiques de Paranoid Park : jamais le portrait psychologique esthétisant n'est peint au détriment du conflit qui rend une histoire passionante, ou pas...
L'univers peint dans Paranoid Park est également des plus interessants, et montre la volonté de GVS de rester le chantre de "l'autre face de l'amérique" ; si il ne fait que toucher le monde du skatebaord en se plongeant dans celui de l'adolescence, il parvient à en saisir la beauté à travers l'attrait de son héros , se permet de longues séquences en super 8, le caractère innocent de la planche à roulettes vient soulager ou détourner du poids du passé, oppressant pour le spectateur comme pour Alex. Les choix picturaux du réalisateur d' Elephant, Gerry,..., assisté par la nouvelle recrue Christopher Doyle, ancien compagnon de route de Wong Kar Wai, sont parfaitement cohérents avec le film, le montage est efficace, GVS parlant certes, et la présence musicale fantomatique du songwriter Eliott Smith, idole du cinéaste, illumine une fois encore quelques séquences.
Si GVS développe encore une fois son récit à partir d'un fait divers, en l'ornant de flashbacks et de stations poétiques, il a en aussi trouvé, avec l'idée de construire le film à partir du journal intime d'Alex, un tronc plus solide que précedemment, auquel rattacher les branches feuillues qui font le charme de son cinéma -pardonnez la métaphore végétale- tout en explorant subtilement les thèmes de l'écriture et de la culpabilité.
Paranoid Park semble au premier abord reprendre bon nombre des obsessions de son auteur, et montre une fois de plus son talent pour construire des personnages à la psychologie complexe et problématique, avec une grande subtilité, tout en sachant faire montre de poésie, mais il est également fort d'un scénario à l'intrigue passionante, bien que secondaire. Cela suffit à en fai reun des plus beaux films de l'année, le plus grand nombre s'accordera à l'admettre, mais ne manque t'il pas quelque chose d'indéfinissable à ce nouvel excellent film pour être plus encore ?
On ne pourra donc être plus élogieux, en espérant sincèrement que Gus Van Sant puisse dans les années à venir faire encore mieux et réaliser le chef d'oeuvre qu'on est en droit d'attendre de lui.
Qu'est-ce qu'un chef d'oeuvre sinon un accomplissement ?
Historiquement, un chef d'oeuvre est la preuve de l'excellence que doit présenter l'artisan pour être promu à la maîtrise dans sa corporation. Hegel, lui, disait que les chefs-d'œuvre sont goûtés « de toutes les nations et de toutes les époques ».
On a souvent tendance aujourd'hui à trop facilement qualifier comme tel un excellent film (ou roman, ou oeuvre musicale, etc...) mais on peut s'interroger : qu'est-ce qui différencie un Citizen Kane, (chef d'oeuvre absolu), un A bout de souffle (coup de maître), d'un Elephant, d'un Paranoid park ( le souffle divin qui a touché les précédents, mais effleuré à peine ces derniers) ? Au risque de décevoir ou plutôt de soulager, on n'aura pas ici la prétention de tenter de répondre à cette question, mais simplement d'encenser avec réserve le dernier film d'un auteur qui peu à peu se rapproche de la perfection en attendant de voir sur lui descendre le génie.
Deux ans après Last Days, rêverie rock-mythologique, lente, contemplative et pour certains, soporifique, Gus Van Sant est à nouveau présent dans les salles obscures, proposant un film où resurgissent ses thèmes favoris, avec la maitrise qu'on lui connait sans jamais ni lasser, ni décevoir, ni surprendre...
En effet, le cinéaste de Portland aime toujours autant les adolescents (savez vous que 7 % de l'oeuvre de Gus Van Sant se passe dans des couloirs de lycée ? C'est beaucoup; à titre de comparaison, seuls 4 % des plans de Stanley Kubrick sont des travelling arrière... ) et son talent pour bâtir des personnages à la psychologie complexe et réaliste est inchangé.
Le degré de naturel, de fraicheur et de tension qui émane des comédiens, quasiment tous amateurs, à l'image de Gabriel Nevins, touchant et mystérieux, (ou encore du chef opérateur Christopher Doyle, qui apparait brièvement), révèlent une excellente direction d'acteurs, au service d'une narration fine et intrigante. En effet, par rapport aux autres films de Gus Van Sant, c'est là que me semble résider un des succcès artistiques de Paranoid Park : jamais le portrait psychologique esthétisant n'est peint au détriment du conflit qui rend une histoire passionante, ou pas...
L'univers peint dans Paranoid Park est également des plus interessants, et montre la volonté de GVS de rester le chantre de "l'autre face de l'amérique" ; si il ne fait que toucher le monde du skatebaord en se plongeant dans celui de l'adolescence, il parvient à en saisir la beauté à travers l'attrait de son héros , se permet de longues séquences en super 8, le caractère innocent de la planche à roulettes vient soulager ou détourner du poids du passé, oppressant pour le spectateur comme pour Alex. Les choix picturaux du réalisateur d' Elephant, Gerry,..., assisté par la nouvelle recrue Christopher Doyle, ancien compagnon de route de Wong Kar Wai, sont parfaitement cohérents avec le film, le montage est efficace, GVS parlant certes, et la présence musicale fantomatique du songwriter Eliott Smith, idole du cinéaste, illumine une fois encore quelques séquences.
Si GVS développe encore une fois son récit à partir d'un fait divers, en l'ornant de flashbacks et de stations poétiques, il a en aussi trouvé, avec l'idée de construire le film à partir du journal intime d'Alex, un tronc plus solide que précedemment, auquel rattacher les branches feuillues qui font le charme de son cinéma -pardonnez la métaphore végétale- tout en explorant subtilement les thèmes de l'écriture et de la culpabilité.
Paranoid Park semble au premier abord reprendre bon nombre des obsessions de son auteur, et montre une fois de plus son talent pour construire des personnages à la psychologie complexe et problématique, avec une grande subtilité, tout en sachant faire montre de poésie, mais il est également fort d'un scénario à l'intrigue passionante, bien que secondaire. Cela suffit à en fai reun des plus beaux films de l'année, le plus grand nombre s'accordera à l'admettre, mais ne manque t'il pas quelque chose d'indéfinissable à ce nouvel excellent film pour être plus encore ?
On ne pourra donc être plus élogieux, en espérant sincèrement que Gus Van Sant puisse dans les années à venir faire encore mieux et réaliser le chef d'oeuvre qu'on est en droit d'attendre de lui.
mercredi 14 novembre 2007
Les promesses de l'ombre
Par David Copello
Commentaire entendu par celui qui écrit ces lignes en sortant de la salle de cinéma : « Oui, je trouve ça très bien, mais je ne comprends pas pourquoi il y a ce happy end. Je ne pense pas que c’était nécessaire ».
Le monsieur qui prononce ces paroles était déjà dehors avant que je ne sorte moi-même. Il fume une cigarette et je constate qu’il est sur le point de la terminer. J’en déduis que ce type est sorti sans avoir regardé le générique de fin. Et j’ose même croire qu’il était déjà en train de mettre son écharpe ou de ranger ses lunettes dans son étui au moment où les images du dernier plan défilaient sur l‘écran. Et cela change tout ! Parce que ce travelling avant sur Viggo Mortensen, les cheveux gominés, le costume serré et les yeux dans le vague, contient toute la morale du film, si morale il y a. Et cette morale est loin de se rapprocher d’un quelconque « happy ending », même si la jeune femme blonde, quittant par mégarde le monde des gens « ordinaires » pour se retrouver dans celui des mafieux russes, finit par retourner à son paisible bercail, ramenant avec elle le bébé qu’elle avait perdu, comme si elle était allée le chercher parmi les morts. Bref, de son côté, il est vrai que tout finit pour le mieux. A l’inverse, celui qui soit subir la violence du monde des Vor, incarné par Mortensen, s’y retrouve coincé. C’était un bloc de glace au début du film : il n’a d’autre choix que de continuer à en être un à la fin.
Cronenberg nous fait donc entrer dans une sorte de répétition infernale de laquelle le personnage ne peut se sortir. Finalement, celui-ci ressemble assez à un Dirty Harry russo-londonien, avec un sens du devoir plus fort que toutes les tentations. Il semble être le seul garant de l’équilibre du monde, le seul gardien d’un temple : celui des gens ordinaires. Rien de très rassurant là-dedans donc. Car le happy end suppose que tout rentre dans un ordre initial d’insouciance équilibrée, or l’ordre initial était déjà ici problématique. On revient donc à la superposition de deux mondes que tout oppose, à moins que l’un ne soit que la face cachée indispensable de l’autre. Une brèche existe entre ces deux univers et le film laisse planer la menace d’une nouvelle réunion, dans la mesure où il n’apporte pas de solution à ce conflit, que ce soit dans l’union ou la destruction. L’inquiétude prime donc sur la joie.
Et puis supposons que ça en soit un, de happy ending ! Et que tout finisse pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Faudrait-il s’en plaindre au nom de présupposés intellectuels vaseux ? Ce serait stupide, et finalement assez révélateur d’un mécanisme de pseudo indépendance vis-à-vis des codes hollywoodiens qui tend à les rejeter de façon systématique et infondée. C’est là un piège classique : au nom d’une supposée liberté artistique, on oublie d’être libre de suivre les codes que tout spectateur attend au détour.
Pour mettre fin à la dictature du happy end, faudrait-il abolir tout happy end ? Affirmons la véritable liberté au cinéma : osons faire un cinéma classique et suranné dans la forme, en toute conscience. Parce que oui, c’est bon, et il n’y a pas de raison de s’en priver !
Commentaire entendu par celui qui écrit ces lignes en sortant de la salle de cinéma : « Oui, je trouve ça très bien, mais je ne comprends pas pourquoi il y a ce happy end. Je ne pense pas que c’était nécessaire ».
Le monsieur qui prononce ces paroles était déjà dehors avant que je ne sorte moi-même. Il fume une cigarette et je constate qu’il est sur le point de la terminer. J’en déduis que ce type est sorti sans avoir regardé le générique de fin. Et j’ose même croire qu’il était déjà en train de mettre son écharpe ou de ranger ses lunettes dans son étui au moment où les images du dernier plan défilaient sur l‘écran. Et cela change tout ! Parce que ce travelling avant sur Viggo Mortensen, les cheveux gominés, le costume serré et les yeux dans le vague, contient toute la morale du film, si morale il y a. Et cette morale est loin de se rapprocher d’un quelconque « happy ending », même si la jeune femme blonde, quittant par mégarde le monde des gens « ordinaires » pour se retrouver dans celui des mafieux russes, finit par retourner à son paisible bercail, ramenant avec elle le bébé qu’elle avait perdu, comme si elle était allée le chercher parmi les morts. Bref, de son côté, il est vrai que tout finit pour le mieux. A l’inverse, celui qui soit subir la violence du monde des Vor, incarné par Mortensen, s’y retrouve coincé. C’était un bloc de glace au début du film : il n’a d’autre choix que de continuer à en être un à la fin.
Cronenberg nous fait donc entrer dans une sorte de répétition infernale de laquelle le personnage ne peut se sortir. Finalement, celui-ci ressemble assez à un Dirty Harry russo-londonien, avec un sens du devoir plus fort que toutes les tentations. Il semble être le seul garant de l’équilibre du monde, le seul gardien d’un temple : celui des gens ordinaires. Rien de très rassurant là-dedans donc. Car le happy end suppose que tout rentre dans un ordre initial d’insouciance équilibrée, or l’ordre initial était déjà ici problématique. On revient donc à la superposition de deux mondes que tout oppose, à moins que l’un ne soit que la face cachée indispensable de l’autre. Une brèche existe entre ces deux univers et le film laisse planer la menace d’une nouvelle réunion, dans la mesure où il n’apporte pas de solution à ce conflit, que ce soit dans l’union ou la destruction. L’inquiétude prime donc sur la joie.
Et puis supposons que ça en soit un, de happy ending ! Et que tout finisse pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Faudrait-il s’en plaindre au nom de présupposés intellectuels vaseux ? Ce serait stupide, et finalement assez révélateur d’un mécanisme de pseudo indépendance vis-à-vis des codes hollywoodiens qui tend à les rejeter de façon systématique et infondée. C’est là un piège classique : au nom d’une supposée liberté artistique, on oublie d’être libre de suivre les codes que tout spectateur attend au détour.
Pour mettre fin à la dictature du happy end, faudrait-il abolir tout happy end ? Affirmons la véritable liberté au cinéma : osons faire un cinéma classique et suranné dans la forme, en toute conscience. Parce que oui, c’est bon, et il n’y a pas de raison de s’en priver !
dimanche 11 novembre 2007
The assassination of Jesse James by the coward Robert Ford
par Maxime Caperan
Le film n’est, en réalité, qu’une longue critique du titre. Ce dernier n’apparaît d’ailleurs que de façon ironique à la fin. Andrew Dominik tente de nous prouver que le véritable héros de son histoire est Robert Ford, l’homme auquel le spectateur s’attache, et non Jesse James comme le laissait envisager le titre.
On assiste, durant plus de deux heures, à la longue déchéance d’une des grandes figures mythiques américaines. Jesse James sombre petit à petit dans la paranoïa la plus totale et voit en chacun de ses anciens complices un meurtrier potentiel. Il finit par prendre conscience de sa détresse, sans pour autant pouvoir retrouver sa stabilité. Face au triste bilan que lui livre sa vie, il ne lui laisse qu’une seule porte de sortie. Dans ce film, il ne s’agit pas d’un assassinat mais véritablement d’un suicide. La figure emblématique se met à mort car son statut ne lui permet pas d’obtenir une issue meilleure. Jesse James est lié au final à l’Amérique actuelle, qui peu à peu cernée par ses propres erreurs et son image surdéveloppée, se condamne à une fin tragique. L’idée de héros n’est qu’une illusion et cette illusion ne peut perdurer que par la mort. Lorsque survient celle de Jesse James, le spectateur ne ressent strictement rien. En vérité, cette mort est ce qui pouvait lui arriver de mieux. Elle construit le mythe.
La véritable source de souffrance ici est la vision du destin totalement injuste du jeune Robert Ford. Il n’apparaît que comme la victime d’une puissance qui le dépasse. La séquence finale qui met en scène sa triste désillusion est magistralement orchestrée. Dominik nous montre une société qui assassine un innocent. Car au final, le seul assassinat du film c’est le sien. Lorsque Casey Affleck fixe la caméra en mourant, une part du spectateur s’éteint avec lui.
Du cinéma très réfléchi, derrière une illusion de lenteur et d’esthétique qui fait naturellement penser à du Terrence Malick.
Le film n’est, en réalité, qu’une longue critique du titre. Ce dernier n’apparaît d’ailleurs que de façon ironique à la fin. Andrew Dominik tente de nous prouver que le véritable héros de son histoire est Robert Ford, l’homme auquel le spectateur s’attache, et non Jesse James comme le laissait envisager le titre.
On assiste, durant plus de deux heures, à la longue déchéance d’une des grandes figures mythiques américaines. Jesse James sombre petit à petit dans la paranoïa la plus totale et voit en chacun de ses anciens complices un meurtrier potentiel. Il finit par prendre conscience de sa détresse, sans pour autant pouvoir retrouver sa stabilité. Face au triste bilan que lui livre sa vie, il ne lui laisse qu’une seule porte de sortie. Dans ce film, il ne s’agit pas d’un assassinat mais véritablement d’un suicide. La figure emblématique se met à mort car son statut ne lui permet pas d’obtenir une issue meilleure. Jesse James est lié au final à l’Amérique actuelle, qui peu à peu cernée par ses propres erreurs et son image surdéveloppée, se condamne à une fin tragique. L’idée de héros n’est qu’une illusion et cette illusion ne peut perdurer que par la mort. Lorsque survient celle de Jesse James, le spectateur ne ressent strictement rien. En vérité, cette mort est ce qui pouvait lui arriver de mieux. Elle construit le mythe.
La véritable source de souffrance ici est la vision du destin totalement injuste du jeune Robert Ford. Il n’apparaît que comme la victime d’une puissance qui le dépasse. La séquence finale qui met en scène sa triste désillusion est magistralement orchestrée. Dominik nous montre une société qui assassine un innocent. Car au final, le seul assassinat du film c’est le sien. Lorsque Casey Affleck fixe la caméra en mourant, une part du spectateur s’éteint avec lui.
Du cinéma très réfléchi, derrière une illusion de lenteur et d’esthétique qui fait naturellement penser à du Terrence Malick.
jeudi 8 novembre 2007
Novembre: objectifs
La culture du résultat gagne cette page, et devant la production décevante du mois d'Octobre, j'ai au nom de l'équipe rédactionnelle décidé d'intensifier la publication de critiques. Seront donc ici très prochainement évoqués les films suivants :
L'assassinat de Jesse James, par Maxime
Paranoid Park, par Felix
Les promesses de l'ombre, par qui veut
L'assassinat de Jesse James, par Maxime
Paranoid Park, par Felix
Les promesses de l'ombre, par qui veut
vendredi 26 octobre 2007
EXILS : Tony Gatlif sans filet
par Felix
J'ai vu EXILS deux fois, dans des conditions différentes, et j'en ai tiré deux bilans aux allures contradictoires, mais plutôt que de censurer ma première impression, qui m'a laissé au palais un goût d'inachevé, je chercherai ici à exposer les raisons pour lesquelles ce film est un de ceux que j'aime à appeler "film funambule", dans la mesure où il peut être adoré ou detesté, non par acceptation d'un relativisme bon ton mais parce qu'il avance perpétuellement sur une corde raide, criant plus fort que quiconque et à qui veut bien l'entendre, que le cinéma c'est la vie, ne faisant preuve d'aucune pitié pour ceux qui ne veulent y prêter suffisament attention...
Bien sur Romain Duris fait du Romain Duris, son jeu dans ce film est d'ailleurs selon moi le plus abouti de sa filmo, quant à l'émotion brute qu'il dégage (oui plus que dans "De battre....") mais on pourra aussi, aigri, déplorer le manque de subtilité qu'on attendrait d'un grand comédien. A côté de ça, son personnage est attachant, par sa jeunesse, son charisme, sa fragilité sous-jacente et tout ce qui fait qu'il est l'acteur préféré de beaucoup des 15-25 ans, pas forcément à tort d'ailleurs.
Sa partenaire m'a, dans une moindre mesure, également impressionné, son jeu exubérant étonne, surprend, séduit souvent, mais Lubna Azabal énerve aussi, et si je ne m'étais finalement laissé aller au plaisir de me faire porter par le film, je lui reprocherais de ne pas sembler pouvoir nous donner plus que sa folie et sa fougue, à l'image de la scène mémorable, (qui m'a plutôt ennuyé, n'ayant à mon grand regret pas réussi à entrer en transe couché sur mon sofa) au cours de laquelle elle danse jusqu'à l'évanouissement 15 minutes sans discontinuer.
Le scénario simple suffit à emmener avec lui le spectateur car EXILS est un road movie dont le charme tient avant tout dans sa couleur, son " flavour ", son parfum de folie sans concession, qui séduit ou laisse hagard ; car il faut partir avec Zano et Naïma pour aimer leur histoire, un regard distant ne saurait mener qu'à chuter du camion qui les emporte vers l'Algérie, fantôme familial commun, renvoyant à la fois à ce qui les sépare, mais aussi à la force de ce qui les unit. Car EXILS, contrairement à ce qui est écrit quelques lignes plus haut, n'est pas un "road movie", c'est une "love story", c'est "le chemin de l'exil à rebours" mais aussi une "reconquète d'eux mêmes" ( je cite la jaquette du DVD, qui pour une jaquette de DVD, est plutôt intelligente) par les deux protagonistes, en proie à cette chose horrible que quelques centaines de films français ont essayé ces dernières decennies de mettre en scène: les vicissitudes du couple...
Tony Gatlif est le maitre funambiliste, celui qui fait croire que le danger de la chute est toujours présent, celui qui agence les lumières et lance la musique, car EXILS, ce n'est ni un "road movie", pas plus qu' une "love story", c'est un film musical, où se succèdent électro, flamenco, mélodies et rythmes arabo-andalous (normalement on dit "rythmes arabo-andalous" mais il me semble que réduire à des rythmes la musique du maghreb témoigne d'un étrange complexe de supériorité de la part de l'Europe occidentale présupposant que l'écoute de Fauré et Verdi est généralisée dans nos contrées, ce qui n'est pas tout à fait le cas, désolé de l'apprendre aux mélomanes).
Finalement, personne ne tombe, dans cette oeuvre qui n'est ni un "road movie", ni une "love story", ni un film musical, ni un film d'apprentissage. Non, EXILS, pour moi, c'est tout cela, un film funambule...
J'ai vu EXILS deux fois, dans des conditions différentes, et j'en ai tiré deux bilans aux allures contradictoires, mais plutôt que de censurer ma première impression, qui m'a laissé au palais un goût d'inachevé, je chercherai ici à exposer les raisons pour lesquelles ce film est un de ceux que j'aime à appeler "film funambule", dans la mesure où il peut être adoré ou detesté, non par acceptation d'un relativisme bon ton mais parce qu'il avance perpétuellement sur une corde raide, criant plus fort que quiconque et à qui veut bien l'entendre, que le cinéma c'est la vie, ne faisant preuve d'aucune pitié pour ceux qui ne veulent y prêter suffisament attention...
Bien sur Romain Duris fait du Romain Duris, son jeu dans ce film est d'ailleurs selon moi le plus abouti de sa filmo, quant à l'émotion brute qu'il dégage (oui plus que dans "De battre....") mais on pourra aussi, aigri, déplorer le manque de subtilité qu'on attendrait d'un grand comédien. A côté de ça, son personnage est attachant, par sa jeunesse, son charisme, sa fragilité sous-jacente et tout ce qui fait qu'il est l'acteur préféré de beaucoup des 15-25 ans, pas forcément à tort d'ailleurs.
Sa partenaire m'a, dans une moindre mesure, également impressionné, son jeu exubérant étonne, surprend, séduit souvent, mais Lubna Azabal énerve aussi, et si je ne m'étais finalement laissé aller au plaisir de me faire porter par le film, je lui reprocherais de ne pas sembler pouvoir nous donner plus que sa folie et sa fougue, à l'image de la scène mémorable, (qui m'a plutôt ennuyé, n'ayant à mon grand regret pas réussi à entrer en transe couché sur mon sofa) au cours de laquelle elle danse jusqu'à l'évanouissement 15 minutes sans discontinuer.
Le scénario simple suffit à emmener avec lui le spectateur car EXILS est un road movie dont le charme tient avant tout dans sa couleur, son " flavour ", son parfum de folie sans concession, qui séduit ou laisse hagard ; car il faut partir avec Zano et Naïma pour aimer leur histoire, un regard distant ne saurait mener qu'à chuter du camion qui les emporte vers l'Algérie, fantôme familial commun, renvoyant à la fois à ce qui les sépare, mais aussi à la force de ce qui les unit. Car EXILS, contrairement à ce qui est écrit quelques lignes plus haut, n'est pas un "road movie", c'est une "love story", c'est "le chemin de l'exil à rebours" mais aussi une "reconquète d'eux mêmes" ( je cite la jaquette du DVD, qui pour une jaquette de DVD, est plutôt intelligente) par les deux protagonistes, en proie à cette chose horrible que quelques centaines de films français ont essayé ces dernières decennies de mettre en scène: les vicissitudes du couple...
Tony Gatlif est le maitre funambiliste, celui qui fait croire que le danger de la chute est toujours présent, celui qui agence les lumières et lance la musique, car EXILS, ce n'est ni un "road movie", pas plus qu' une "love story", c'est un film musical, où se succèdent électro, flamenco, mélodies et rythmes arabo-andalous (normalement on dit "rythmes arabo-andalous" mais il me semble que réduire à des rythmes la musique du maghreb témoigne d'un étrange complexe de supériorité de la part de l'Europe occidentale présupposant que l'écoute de Fauré et Verdi est généralisée dans nos contrées, ce qui n'est pas tout à fait le cas, désolé de l'apprendre aux mélomanes).
Finalement, personne ne tombe, dans cette oeuvre qui n'est ni un "road movie", ni une "love story", ni un film musical, ni un film d'apprentissage. Non, EXILS, pour moi, c'est tout cela, un film funambule...
samedi 6 octobre 2007
99 F : la parole à la défense
par David Chaunu
Un trip sous acide halluciné. C'est ce que le duo Jan Kounen / Jean Dujardin vient de nous pondre, en portant sur pellicule l'histoire d'Octave Parango, un publicitaire ignoble, cynique, détestable, "une merde" comme il le dit si bien, dont la vie s'écroule le jour où sa petite amie le quitte. Sans concession, l'adaptation du livre de Frederic Beigbeder offre une critique pleine d'ironie du monde de la pub, de notre société d'images et de consommation. Tout y passe dans cette satire acerbe de notre temps. On y trouve beaucoup d'analogies avec le film de David Fincher, Fight Club, auquel le réalisateur se permet des petits clins d'oeil comme le retour de l'effet Ikea. Mais 99 F n'a rien à envier à son grand frère américain, loin de là. Les thématiques y sont plus clairs (on a toujours pas déterminé si Fight Club était un film facho, anarchique, gay, anti-consumériste ou tout à la fois), la mise en scène de Kounen encore plus déjantée que celle de Fincher. La dénonciation d'une situation se fait encore mieux avec de l'humour, et Dujardin est la clé parfaite pour dérouiller nos zygomatiques. A la fois hilarant et pathétique, détestable et attendrissant, il excèle dans le rôle de ce publicitaire, sabordeur de campagne de pub pour yaourt. Kounen, lui, s'amuse comme un fou. Revenu de ses trips chamaniques Blueberryesque pour mieux y replonger avec cette fois plus de brio, il multiplie plans à couper le souffle, pieds de nez visuels (la séquence d'animation trash où Octave et ses amis, complètement défoncés, renversent de nombreux passants à bord de leur bolide). Le goût de la provocation est loin d'être mort chez le réalisateur de Dobermann. Il signe ici sans doute son meilleur film. Du bon cinéma à petit prix.
Un trip sous acide halluciné. C'est ce que le duo Jan Kounen / Jean Dujardin vient de nous pondre, en portant sur pellicule l'histoire d'Octave Parango, un publicitaire ignoble, cynique, détestable, "une merde" comme il le dit si bien, dont la vie s'écroule le jour où sa petite amie le quitte. Sans concession, l'adaptation du livre de Frederic Beigbeder offre une critique pleine d'ironie du monde de la pub, de notre société d'images et de consommation. Tout y passe dans cette satire acerbe de notre temps. On y trouve beaucoup d'analogies avec le film de David Fincher, Fight Club, auquel le réalisateur se permet des petits clins d'oeil comme le retour de l'effet Ikea. Mais 99 F n'a rien à envier à son grand frère américain, loin de là. Les thématiques y sont plus clairs (on a toujours pas déterminé si Fight Club était un film facho, anarchique, gay, anti-consumériste ou tout à la fois), la mise en scène de Kounen encore plus déjantée que celle de Fincher. La dénonciation d'une situation se fait encore mieux avec de l'humour, et Dujardin est la clé parfaite pour dérouiller nos zygomatiques. A la fois hilarant et pathétique, détestable et attendrissant, il excèle dans le rôle de ce publicitaire, sabordeur de campagne de pub pour yaourt. Kounen, lui, s'amuse comme un fou. Revenu de ses trips chamaniques Blueberryesque pour mieux y replonger avec cette fois plus de brio, il multiplie plans à couper le souffle, pieds de nez visuels (la séquence d'animation trash où Octave et ses amis, complètement défoncés, renversent de nombreux passants à bord de leur bolide). Le goût de la provocation est loin d'être mort chez le réalisateur de Dobermann. Il signe ici sans doute son meilleur film. Du bon cinéma à petit prix.
jeudi 27 septembre 2007
"l'homme de la rue"
Film réalisé en 1941 par Frank Capra, ( titre original: "meet John Doe" )
"C'est l'amérique du début des années 30, et la crise économique D. B. Norton décide de licencier la plupart des employés du journal qu'il vient juste de racheter. Ann Mitchell, journaliste, n'entend pas partir en silence et rédige un article qu'elle signe du nom de John Doe, où elle dénonce l'injustice sociale et promet que l'auteur se suicidera le soir de Noël. Le public s'éprend de John Doe, il faut donc trouver un homme pour incarner le personnage. Le vagabond Long John Willoughby, ex-joueur de baseball répond à l'annonce. Il a peu de conviction, mais devient bientôt un fervent défenseur des idées de cet "homme de la rue", devenu le symbole d'une Amérique en déroute et dans la misère. C'est alors que Norton décide de s'emparer de la notoriété de "John Doe"... "
Gary Cooper y est juste et émouvant, formidable lorsqu'il est dépassé par les évènements, comme un Frankenstein qu'il serait devenu malgré lui, piégé, dos au mur, ou plutôt face au vide. La mise en scène, servant toujours le récit qui se développe lentement avec beaucoup de finesse, y est également superbe.
Peu d'analyse ici, je sais, je n'ai malheureusement pas le temps puisqu'il faudrait des heures et des lignes pour évoquer ce film en y portant toute l'attention qu'il mérite non seulement en terme d'esthétique mais également de réflexion politique.
J'invite donc chacun à voir cette oeuvre magnifique en me croyant sur parole (sic), je promets plus de professionalisme la semaine prochaine...
"C'est l'amérique du début des années 30, et la crise économique D. B. Norton décide de licencier la plupart des employés du journal qu'il vient juste de racheter. Ann Mitchell, journaliste, n'entend pas partir en silence et rédige un article qu'elle signe du nom de John Doe, où elle dénonce l'injustice sociale et promet que l'auteur se suicidera le soir de Noël. Le public s'éprend de John Doe, il faut donc trouver un homme pour incarner le personnage. Le vagabond Long John Willoughby, ex-joueur de baseball répond à l'annonce. Il a peu de conviction, mais devient bientôt un fervent défenseur des idées de cet "homme de la rue", devenu le symbole d'une Amérique en déroute et dans la misère. C'est alors que Norton décide de s'emparer de la notoriété de "John Doe"... "
Gary Cooper y est juste et émouvant, formidable lorsqu'il est dépassé par les évènements, comme un Frankenstein qu'il serait devenu malgré lui, piégé, dos au mur, ou plutôt face au vide. La mise en scène, servant toujours le récit qui se développe lentement avec beaucoup de finesse, y est également superbe.
Peu d'analyse ici, je sais, je n'ai malheureusement pas le temps puisqu'il faudrait des heures et des lignes pour évoquer ce film en y portant toute l'attention qu'il mérite non seulement en terme d'esthétique mais également de réflexion politique.
J'invite donc chacun à voir cette oeuvre magnifique en me croyant sur parole (sic), je promets plus de professionalisme la semaine prochaine...
dimanche 23 septembre 2007
Le PS cherche un scénario pour l'avenir
je pensais limiter le contenu de cette page au cinéma mais je viens de lire une blague marrante alors je vous la raconte.
" un socialiste dit: il est 6 heures du matin
un autre dit: ah non ! il est 6 heures du soir
et François Hollande conclut : nous sommes tous d'accord, il est 6 heures "
haha ! sacré Fabius...
" un socialiste dit: il est 6 heures du matin
un autre dit: ah non ! il est 6 heures du soir
et François Hollande conclut : nous sommes tous d'accord, il est 6 heures "
haha ! sacré Fabius...
samedi 22 septembre 2007
Le classique au cinéma
"Le grand rendez-vous hebdomadaire de la musique de film. Gérard Pangon, le Monsieur cinéma de Radio Classique, vous propose une heure de musique de film lié à l'actualité des sorties en salles et de revivre vos plus belles émotions cinéma."
voici ce que nous propose radio classique, le samedi de 18h à 19h.
Pour ceux qui revivent les images en entendant les sons...
voici ce que nous propose radio classique, le samedi de 18h à 19h.
Pour ceux qui revivent les images en entendant les sons...
Mémoires affectives - Francis Leclerc
Par Felix
Dans le cadre du festival du cinéma québécois qui s’est tenu au cinéma des cinéastes (place de Clichy), j’ai pu voir (il y a quelques temps maintenant…) la deuxième réalisation de Francis Leclerc, réalisateur, scénariste et monteur, montréalais et fils du chanteur Félix Leclerc. En apprenant hier qu'il sortira son film suivant, « un été sans point ni coup sur », dans les mois qui viennent, j’ai éprouvé le désir de revoir "mémoires affectives", mais il semble difficile de trouver le dvd en France.
J’en profite donc pour ressortir les quelques mots que j’avais écris à son sujet après la séance, pour lancer l’activité du blog, et partager mon admiration pour ce film, en appelant chacun à essayer de le voir (et par la même occasion, à me dire comment il a fait).
Alexandre (joué par Roy Dupuis, sorte de synthèse de Gérard Philippe et de Colin Farell, dont même l’accent typique de nos cousins outre atlantique ne doit pas faire pas oublier qu’il est un très bon acteur) sort du coma alors que ses chances d’en réchapper étaient très faibles. Ayant tout oublié, il reconstruit son passé grâce aux souvenirs de ses proches, ainsi qu’en se rendant sur les lieux qui lui ont été familiers. Mais la mémoire qu’il récupère n’est en fait que la somme des points de vue des personnes qui l’ont connu. Les autres personnages semblent tourner autour de lui ; sa femme et sa fille, et globalement tous ceux qui le connaissaient avant son accident, semblent avoir un comportement étrange, au contraire des personnes rencontrées après, qui ont une relation beaucoup moins ambiguë avec lui. C’est grâce à certaines de ces situations que des souvenirs resurgissent en lui, que des images lui reviennent. Film «psychologique » donc, mais qui, grâce à un second degré habile, sait parfois aussi être comique. Roy Dupuis est très convaincant dans le rôle de l’amnésique Alexandre, torturé par le doute et l’incompréhension. On est subjugué par chaque plan, et en particulier par la beauté froide des paysages traversés par les protagonistes. Quant au scénario, s’il laisse certains mystères inexpliqués, enchevêtre habilement de nombreux éléments sans nuire à la clarté de l’ensemble.
Mémoires affectives, second long-métrage de Francis Leclerc, traite le sujet vu et revu de la quête de la mémoire perdue, mais séduit et marque durablement grâce à une beauté plastique impressionnante, un scénario efficace, terrible et stupéfiant.
Dans le cadre du festival du cinéma québécois qui s’est tenu au cinéma des cinéastes (place de Clichy), j’ai pu voir (il y a quelques temps maintenant…) la deuxième réalisation de Francis Leclerc, réalisateur, scénariste et monteur, montréalais et fils du chanteur Félix Leclerc. En apprenant hier qu'il sortira son film suivant, « un été sans point ni coup sur », dans les mois qui viennent, j’ai éprouvé le désir de revoir "mémoires affectives", mais il semble difficile de trouver le dvd en France.
J’en profite donc pour ressortir les quelques mots que j’avais écris à son sujet après la séance, pour lancer l’activité du blog, et partager mon admiration pour ce film, en appelant chacun à essayer de le voir (et par la même occasion, à me dire comment il a fait).
Alexandre (joué par Roy Dupuis, sorte de synthèse de Gérard Philippe et de Colin Farell, dont même l’accent typique de nos cousins outre atlantique ne doit pas faire pas oublier qu’il est un très bon acteur) sort du coma alors que ses chances d’en réchapper étaient très faibles. Ayant tout oublié, il reconstruit son passé grâce aux souvenirs de ses proches, ainsi qu’en se rendant sur les lieux qui lui ont été familiers. Mais la mémoire qu’il récupère n’est en fait que la somme des points de vue des personnes qui l’ont connu. Les autres personnages semblent tourner autour de lui ; sa femme et sa fille, et globalement tous ceux qui le connaissaient avant son accident, semblent avoir un comportement étrange, au contraire des personnes rencontrées après, qui ont une relation beaucoup moins ambiguë avec lui. C’est grâce à certaines de ces situations que des souvenirs resurgissent en lui, que des images lui reviennent. Film «psychologique » donc, mais qui, grâce à un second degré habile, sait parfois aussi être comique. Roy Dupuis est très convaincant dans le rôle de l’amnésique Alexandre, torturé par le doute et l’incompréhension. On est subjugué par chaque plan, et en particulier par la beauté froide des paysages traversés par les protagonistes. Quant au scénario, s’il laisse certains mystères inexpliqués, enchevêtre habilement de nombreux éléments sans nuire à la clarté de l’ensemble.
Mémoires affectives, second long-métrage de Francis Leclerc, traite le sujet vu et revu de la quête de la mémoire perdue, mais séduit et marque durablement grâce à une beauté plastique impressionnante, un scénario efficace, terrible et stupéfiant.
but de ce blog
La raison d'être de cette page est d'abord pour nous, jeunes étudiants, de nous permettre de nous entraîner à écrire sur le cinéma et d'échanger à propos de films qui nous ont marqués, plus ou moins profondément, qu'ils soient classiques du cinéma, sorties récentes ou films "cultes" de notre génération. Puisque le paysage du cinéma est étendu, nous nous attacherons également à parler de films au destin plutôt discret, ou d'horizons lointains, ainsi qu'à essayer de réhabiliter des films ayant été stoppés par les critiques dans leur mouvement pour rencontrer un public. Des billets concernant d'autres aspects du cinéma ( salles parisiennes, musique, littérature, etc...) seront également publiés par les rédacteurs qui auront pour consigne de n'écrire que sur ce qui leur aura plu, comme se donnait pour régle André Bazin. Ces rédacteurs viendront se présenter un à un avant d'écrire leurs premiers billets sur ce blog.
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