par David Chaunu
Un trip sous acide halluciné. C'est ce que le duo Jan Kounen / Jean Dujardin vient de nous pondre, en portant sur pellicule l'histoire d'Octave Parango, un publicitaire ignoble, cynique, détestable, "une merde" comme il le dit si bien, dont la vie s'écroule le jour où sa petite amie le quitte. Sans concession, l'adaptation du livre de Frederic Beigbeder offre une critique pleine d'ironie du monde de la pub, de notre société d'images et de consommation. Tout y passe dans cette satire acerbe de notre temps. On y trouve beaucoup d'analogies avec le film de David Fincher, Fight Club, auquel le réalisateur se permet des petits clins d'oeil comme le retour de l'effet Ikea. Mais 99 F n'a rien à envier à son grand frère américain, loin de là. Les thématiques y sont plus clairs (on a toujours pas déterminé si Fight Club était un film facho, anarchique, gay, anti-consumériste ou tout à la fois), la mise en scène de Kounen encore plus déjantée que celle de Fincher. La dénonciation d'une situation se fait encore mieux avec de l'humour, et Dujardin est la clé parfaite pour dérouiller nos zygomatiques. A la fois hilarant et pathétique, détestable et attendrissant, il excèle dans le rôle de ce publicitaire, sabordeur de campagne de pub pour yaourt. Kounen, lui, s'amuse comme un fou. Revenu de ses trips chamaniques Blueberryesque pour mieux y replonger avec cette fois plus de brio, il multiplie plans à couper le souffle, pieds de nez visuels (la séquence d'animation trash où Octave et ses amis, complètement défoncés, renversent de nombreux passants à bord de leur bolide). Le goût de la provocation est loin d'être mort chez le réalisateur de Dobermann. Il signe ici sans doute son meilleur film. Du bon cinéma à petit prix.
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