Par Maxime Caperan
Voilà maintenant deux ans que j’attendais avec impatience le nouveau Paul Haggis. Ce grand scénariste m’avait profondément ému avec son Collision. C’est donc en solitaire, car selon moi il faut être seul pour affronter ce genre de film, que je me suis rendu au cinéma.
Haggis est un formidable modeleur d’histoire. Il parvient à insérer une totale vraisemblance dans une construction pourtant complexe. Je dois cependant reconnaître que malgré le fait que ce film m’ait transporté, un sentiment indéfinissable m’a gêné durant tout le long. In the Valley of Elah traite essentiellement du thème de la désillusion : désillusion d’un homme vis-à-vis de son fils, de son pays, de ses idéaux…
Tout ce qui caractérisait sa vie s’écroule peu à peu. Les yeux fermés, cet homme était fidèle et confiant à l’égard de l’Amérique. La mort de son fils constitue ici une sorte de réveil brutal, une prise de conscience douloureuse. Une question s’empare peu à peu de son esprit : "Comment ce pays a t’il pu faire de mon fils un monstre ?" Face à cet univers où l’alcool, la violence et le sexe sont omniprésents, il finit par ne plus pouvoir maîtriser son désir de vengeance. Il s’acharne sur un innocent alors qu’il est dans l’incapacité totale d’effectuer le moindre geste devant le coupable. Le non-sens absolu de cette histoire le dépasse et le conduit à une vérité amère. La culpabilité le ronge. Il ne peut se pardonner d’avoir entraîner son fils dans un conflit qui l’a détruit. Un symbole anéantit peu à peu l’humanité. Le patriotisme a assassiné son fils et ne l’a conduit qu’à des erreurs impardonnables. Le drapeau, symbole illusoire d’une toute puissance, change de sens. L’homme, interprété de façon magistrale par Tommy Lee Jones tout en nuances, vient de réaliser que son pays va mal.
Haggis se glisse à merveille dans le mouvement critique actuel. Il signe un film engagé et délibérément contre la politique de Bush en Irak. La vallée d’Elah est le lieu où David à affronté Goliath mais également l’endroit où un jeune soldat américain persuadé de sa puissance se fait anéantir psychologiquement par la mort d’un enfant irakien. David, quelle que soit la période de l’histoire, continuera à vaincre Goliath. Au final, ce qui m’a gêné de ce film c’est l’image de la réalité. Je tiens encore à vivre dans l’illusion.
dimanche 25 novembre 2007
mercredi 21 novembre 2007
Paranoid park : seulement excellent, dommage...
Par Felix
Qu'est-ce qu'un chef d'oeuvre sinon un accomplissement ?
Historiquement, un chef d'oeuvre est la preuve de l'excellence que doit présenter l'artisan pour être promu à la maîtrise dans sa corporation. Hegel, lui, disait que les chefs-d'œuvre sont goûtés « de toutes les nations et de toutes les époques ».
On a souvent tendance aujourd'hui à trop facilement qualifier comme tel un excellent film (ou roman, ou oeuvre musicale, etc...) mais on peut s'interroger : qu'est-ce qui différencie un Citizen Kane, (chef d'oeuvre absolu), un A bout de souffle (coup de maître), d'un Elephant, d'un Paranoid park ( le souffle divin qui a touché les précédents, mais effleuré à peine ces derniers) ? Au risque de décevoir ou plutôt de soulager, on n'aura pas ici la prétention de tenter de répondre à cette question, mais simplement d'encenser avec réserve le dernier film d'un auteur qui peu à peu se rapproche de la perfection en attendant de voir sur lui descendre le génie.
Deux ans après Last Days, rêverie rock-mythologique, lente, contemplative et pour certains, soporifique, Gus Van Sant est à nouveau présent dans les salles obscures, proposant un film où resurgissent ses thèmes favoris, avec la maitrise qu'on lui connait sans jamais ni lasser, ni décevoir, ni surprendre...
En effet, le cinéaste de Portland aime toujours autant les adolescents (savez vous que 7 % de l'oeuvre de Gus Van Sant se passe dans des couloirs de lycée ? C'est beaucoup; à titre de comparaison, seuls 4 % des plans de Stanley Kubrick sont des travelling arrière... ) et son talent pour bâtir des personnages à la psychologie complexe et réaliste est inchangé.
Le degré de naturel, de fraicheur et de tension qui émane des comédiens, quasiment tous amateurs, à l'image de Gabriel Nevins, touchant et mystérieux, (ou encore du chef opérateur Christopher Doyle, qui apparait brièvement), révèlent une excellente direction d'acteurs, au service d'une narration fine et intrigante. En effet, par rapport aux autres films de Gus Van Sant, c'est là que me semble résider un des succcès artistiques de Paranoid Park : jamais le portrait psychologique esthétisant n'est peint au détriment du conflit qui rend une histoire passionante, ou pas...
L'univers peint dans Paranoid Park est également des plus interessants, et montre la volonté de GVS de rester le chantre de "l'autre face de l'amérique" ; si il ne fait que toucher le monde du skatebaord en se plongeant dans celui de l'adolescence, il parvient à en saisir la beauté à travers l'attrait de son héros , se permet de longues séquences en super 8, le caractère innocent de la planche à roulettes vient soulager ou détourner du poids du passé, oppressant pour le spectateur comme pour Alex. Les choix picturaux du réalisateur d' Elephant, Gerry,..., assisté par la nouvelle recrue Christopher Doyle, ancien compagnon de route de Wong Kar Wai, sont parfaitement cohérents avec le film, le montage est efficace, GVS parlant certes, et la présence musicale fantomatique du songwriter Eliott Smith, idole du cinéaste, illumine une fois encore quelques séquences.
Si GVS développe encore une fois son récit à partir d'un fait divers, en l'ornant de flashbacks et de stations poétiques, il a en aussi trouvé, avec l'idée de construire le film à partir du journal intime d'Alex, un tronc plus solide que précedemment, auquel rattacher les branches feuillues qui font le charme de son cinéma -pardonnez la métaphore végétale- tout en explorant subtilement les thèmes de l'écriture et de la culpabilité.
Paranoid Park semble au premier abord reprendre bon nombre des obsessions de son auteur, et montre une fois de plus son talent pour construire des personnages à la psychologie complexe et problématique, avec une grande subtilité, tout en sachant faire montre de poésie, mais il est également fort d'un scénario à l'intrigue passionante, bien que secondaire. Cela suffit à en fai reun des plus beaux films de l'année, le plus grand nombre s'accordera à l'admettre, mais ne manque t'il pas quelque chose d'indéfinissable à ce nouvel excellent film pour être plus encore ?
On ne pourra donc être plus élogieux, en espérant sincèrement que Gus Van Sant puisse dans les années à venir faire encore mieux et réaliser le chef d'oeuvre qu'on est en droit d'attendre de lui.
Qu'est-ce qu'un chef d'oeuvre sinon un accomplissement ?
Historiquement, un chef d'oeuvre est la preuve de l'excellence que doit présenter l'artisan pour être promu à la maîtrise dans sa corporation. Hegel, lui, disait que les chefs-d'œuvre sont goûtés « de toutes les nations et de toutes les époques ».
On a souvent tendance aujourd'hui à trop facilement qualifier comme tel un excellent film (ou roman, ou oeuvre musicale, etc...) mais on peut s'interroger : qu'est-ce qui différencie un Citizen Kane, (chef d'oeuvre absolu), un A bout de souffle (coup de maître), d'un Elephant, d'un Paranoid park ( le souffle divin qui a touché les précédents, mais effleuré à peine ces derniers) ? Au risque de décevoir ou plutôt de soulager, on n'aura pas ici la prétention de tenter de répondre à cette question, mais simplement d'encenser avec réserve le dernier film d'un auteur qui peu à peu se rapproche de la perfection en attendant de voir sur lui descendre le génie.
Deux ans après Last Days, rêverie rock-mythologique, lente, contemplative et pour certains, soporifique, Gus Van Sant est à nouveau présent dans les salles obscures, proposant un film où resurgissent ses thèmes favoris, avec la maitrise qu'on lui connait sans jamais ni lasser, ni décevoir, ni surprendre...
En effet, le cinéaste de Portland aime toujours autant les adolescents (savez vous que 7 % de l'oeuvre de Gus Van Sant se passe dans des couloirs de lycée ? C'est beaucoup; à titre de comparaison, seuls 4 % des plans de Stanley Kubrick sont des travelling arrière... ) et son talent pour bâtir des personnages à la psychologie complexe et réaliste est inchangé.
Le degré de naturel, de fraicheur et de tension qui émane des comédiens, quasiment tous amateurs, à l'image de Gabriel Nevins, touchant et mystérieux, (ou encore du chef opérateur Christopher Doyle, qui apparait brièvement), révèlent une excellente direction d'acteurs, au service d'une narration fine et intrigante. En effet, par rapport aux autres films de Gus Van Sant, c'est là que me semble résider un des succcès artistiques de Paranoid Park : jamais le portrait psychologique esthétisant n'est peint au détriment du conflit qui rend une histoire passionante, ou pas...
L'univers peint dans Paranoid Park est également des plus interessants, et montre la volonté de GVS de rester le chantre de "l'autre face de l'amérique" ; si il ne fait que toucher le monde du skatebaord en se plongeant dans celui de l'adolescence, il parvient à en saisir la beauté à travers l'attrait de son héros , se permet de longues séquences en super 8, le caractère innocent de la planche à roulettes vient soulager ou détourner du poids du passé, oppressant pour le spectateur comme pour Alex. Les choix picturaux du réalisateur d' Elephant, Gerry,..., assisté par la nouvelle recrue Christopher Doyle, ancien compagnon de route de Wong Kar Wai, sont parfaitement cohérents avec le film, le montage est efficace, GVS parlant certes, et la présence musicale fantomatique du songwriter Eliott Smith, idole du cinéaste, illumine une fois encore quelques séquences.
Si GVS développe encore une fois son récit à partir d'un fait divers, en l'ornant de flashbacks et de stations poétiques, il a en aussi trouvé, avec l'idée de construire le film à partir du journal intime d'Alex, un tronc plus solide que précedemment, auquel rattacher les branches feuillues qui font le charme de son cinéma -pardonnez la métaphore végétale- tout en explorant subtilement les thèmes de l'écriture et de la culpabilité.
Paranoid Park semble au premier abord reprendre bon nombre des obsessions de son auteur, et montre une fois de plus son talent pour construire des personnages à la psychologie complexe et problématique, avec une grande subtilité, tout en sachant faire montre de poésie, mais il est également fort d'un scénario à l'intrigue passionante, bien que secondaire. Cela suffit à en fai reun des plus beaux films de l'année, le plus grand nombre s'accordera à l'admettre, mais ne manque t'il pas quelque chose d'indéfinissable à ce nouvel excellent film pour être plus encore ?
On ne pourra donc être plus élogieux, en espérant sincèrement que Gus Van Sant puisse dans les années à venir faire encore mieux et réaliser le chef d'oeuvre qu'on est en droit d'attendre de lui.
mercredi 14 novembre 2007
Les promesses de l'ombre
Par David Copello
Commentaire entendu par celui qui écrit ces lignes en sortant de la salle de cinéma : « Oui, je trouve ça très bien, mais je ne comprends pas pourquoi il y a ce happy end. Je ne pense pas que c’était nécessaire ».
Le monsieur qui prononce ces paroles était déjà dehors avant que je ne sorte moi-même. Il fume une cigarette et je constate qu’il est sur le point de la terminer. J’en déduis que ce type est sorti sans avoir regardé le générique de fin. Et j’ose même croire qu’il était déjà en train de mettre son écharpe ou de ranger ses lunettes dans son étui au moment où les images du dernier plan défilaient sur l‘écran. Et cela change tout ! Parce que ce travelling avant sur Viggo Mortensen, les cheveux gominés, le costume serré et les yeux dans le vague, contient toute la morale du film, si morale il y a. Et cette morale est loin de se rapprocher d’un quelconque « happy ending », même si la jeune femme blonde, quittant par mégarde le monde des gens « ordinaires » pour se retrouver dans celui des mafieux russes, finit par retourner à son paisible bercail, ramenant avec elle le bébé qu’elle avait perdu, comme si elle était allée le chercher parmi les morts. Bref, de son côté, il est vrai que tout finit pour le mieux. A l’inverse, celui qui soit subir la violence du monde des Vor, incarné par Mortensen, s’y retrouve coincé. C’était un bloc de glace au début du film : il n’a d’autre choix que de continuer à en être un à la fin.
Cronenberg nous fait donc entrer dans une sorte de répétition infernale de laquelle le personnage ne peut se sortir. Finalement, celui-ci ressemble assez à un Dirty Harry russo-londonien, avec un sens du devoir plus fort que toutes les tentations. Il semble être le seul garant de l’équilibre du monde, le seul gardien d’un temple : celui des gens ordinaires. Rien de très rassurant là-dedans donc. Car le happy end suppose que tout rentre dans un ordre initial d’insouciance équilibrée, or l’ordre initial était déjà ici problématique. On revient donc à la superposition de deux mondes que tout oppose, à moins que l’un ne soit que la face cachée indispensable de l’autre. Une brèche existe entre ces deux univers et le film laisse planer la menace d’une nouvelle réunion, dans la mesure où il n’apporte pas de solution à ce conflit, que ce soit dans l’union ou la destruction. L’inquiétude prime donc sur la joie.
Et puis supposons que ça en soit un, de happy ending ! Et que tout finisse pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Faudrait-il s’en plaindre au nom de présupposés intellectuels vaseux ? Ce serait stupide, et finalement assez révélateur d’un mécanisme de pseudo indépendance vis-à-vis des codes hollywoodiens qui tend à les rejeter de façon systématique et infondée. C’est là un piège classique : au nom d’une supposée liberté artistique, on oublie d’être libre de suivre les codes que tout spectateur attend au détour.
Pour mettre fin à la dictature du happy end, faudrait-il abolir tout happy end ? Affirmons la véritable liberté au cinéma : osons faire un cinéma classique et suranné dans la forme, en toute conscience. Parce que oui, c’est bon, et il n’y a pas de raison de s’en priver !
Commentaire entendu par celui qui écrit ces lignes en sortant de la salle de cinéma : « Oui, je trouve ça très bien, mais je ne comprends pas pourquoi il y a ce happy end. Je ne pense pas que c’était nécessaire ».
Le monsieur qui prononce ces paroles était déjà dehors avant que je ne sorte moi-même. Il fume une cigarette et je constate qu’il est sur le point de la terminer. J’en déduis que ce type est sorti sans avoir regardé le générique de fin. Et j’ose même croire qu’il était déjà en train de mettre son écharpe ou de ranger ses lunettes dans son étui au moment où les images du dernier plan défilaient sur l‘écran. Et cela change tout ! Parce que ce travelling avant sur Viggo Mortensen, les cheveux gominés, le costume serré et les yeux dans le vague, contient toute la morale du film, si morale il y a. Et cette morale est loin de se rapprocher d’un quelconque « happy ending », même si la jeune femme blonde, quittant par mégarde le monde des gens « ordinaires » pour se retrouver dans celui des mafieux russes, finit par retourner à son paisible bercail, ramenant avec elle le bébé qu’elle avait perdu, comme si elle était allée le chercher parmi les morts. Bref, de son côté, il est vrai que tout finit pour le mieux. A l’inverse, celui qui soit subir la violence du monde des Vor, incarné par Mortensen, s’y retrouve coincé. C’était un bloc de glace au début du film : il n’a d’autre choix que de continuer à en être un à la fin.
Cronenberg nous fait donc entrer dans une sorte de répétition infernale de laquelle le personnage ne peut se sortir. Finalement, celui-ci ressemble assez à un Dirty Harry russo-londonien, avec un sens du devoir plus fort que toutes les tentations. Il semble être le seul garant de l’équilibre du monde, le seul gardien d’un temple : celui des gens ordinaires. Rien de très rassurant là-dedans donc. Car le happy end suppose que tout rentre dans un ordre initial d’insouciance équilibrée, or l’ordre initial était déjà ici problématique. On revient donc à la superposition de deux mondes que tout oppose, à moins que l’un ne soit que la face cachée indispensable de l’autre. Une brèche existe entre ces deux univers et le film laisse planer la menace d’une nouvelle réunion, dans la mesure où il n’apporte pas de solution à ce conflit, que ce soit dans l’union ou la destruction. L’inquiétude prime donc sur la joie.
Et puis supposons que ça en soit un, de happy ending ! Et que tout finisse pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Faudrait-il s’en plaindre au nom de présupposés intellectuels vaseux ? Ce serait stupide, et finalement assez révélateur d’un mécanisme de pseudo indépendance vis-à-vis des codes hollywoodiens qui tend à les rejeter de façon systématique et infondée. C’est là un piège classique : au nom d’une supposée liberté artistique, on oublie d’être libre de suivre les codes que tout spectateur attend au détour.
Pour mettre fin à la dictature du happy end, faudrait-il abolir tout happy end ? Affirmons la véritable liberté au cinéma : osons faire un cinéma classique et suranné dans la forme, en toute conscience. Parce que oui, c’est bon, et il n’y a pas de raison de s’en priver !
dimanche 11 novembre 2007
The assassination of Jesse James by the coward Robert Ford
par Maxime Caperan
Le film n’est, en réalité, qu’une longue critique du titre. Ce dernier n’apparaît d’ailleurs que de façon ironique à la fin. Andrew Dominik tente de nous prouver que le véritable héros de son histoire est Robert Ford, l’homme auquel le spectateur s’attache, et non Jesse James comme le laissait envisager le titre.
On assiste, durant plus de deux heures, à la longue déchéance d’une des grandes figures mythiques américaines. Jesse James sombre petit à petit dans la paranoïa la plus totale et voit en chacun de ses anciens complices un meurtrier potentiel. Il finit par prendre conscience de sa détresse, sans pour autant pouvoir retrouver sa stabilité. Face au triste bilan que lui livre sa vie, il ne lui laisse qu’une seule porte de sortie. Dans ce film, il ne s’agit pas d’un assassinat mais véritablement d’un suicide. La figure emblématique se met à mort car son statut ne lui permet pas d’obtenir une issue meilleure. Jesse James est lié au final à l’Amérique actuelle, qui peu à peu cernée par ses propres erreurs et son image surdéveloppée, se condamne à une fin tragique. L’idée de héros n’est qu’une illusion et cette illusion ne peut perdurer que par la mort. Lorsque survient celle de Jesse James, le spectateur ne ressent strictement rien. En vérité, cette mort est ce qui pouvait lui arriver de mieux. Elle construit le mythe.
La véritable source de souffrance ici est la vision du destin totalement injuste du jeune Robert Ford. Il n’apparaît que comme la victime d’une puissance qui le dépasse. La séquence finale qui met en scène sa triste désillusion est magistralement orchestrée. Dominik nous montre une société qui assassine un innocent. Car au final, le seul assassinat du film c’est le sien. Lorsque Casey Affleck fixe la caméra en mourant, une part du spectateur s’éteint avec lui.
Du cinéma très réfléchi, derrière une illusion de lenteur et d’esthétique qui fait naturellement penser à du Terrence Malick.
Le film n’est, en réalité, qu’une longue critique du titre. Ce dernier n’apparaît d’ailleurs que de façon ironique à la fin. Andrew Dominik tente de nous prouver que le véritable héros de son histoire est Robert Ford, l’homme auquel le spectateur s’attache, et non Jesse James comme le laissait envisager le titre.
On assiste, durant plus de deux heures, à la longue déchéance d’une des grandes figures mythiques américaines. Jesse James sombre petit à petit dans la paranoïa la plus totale et voit en chacun de ses anciens complices un meurtrier potentiel. Il finit par prendre conscience de sa détresse, sans pour autant pouvoir retrouver sa stabilité. Face au triste bilan que lui livre sa vie, il ne lui laisse qu’une seule porte de sortie. Dans ce film, il ne s’agit pas d’un assassinat mais véritablement d’un suicide. La figure emblématique se met à mort car son statut ne lui permet pas d’obtenir une issue meilleure. Jesse James est lié au final à l’Amérique actuelle, qui peu à peu cernée par ses propres erreurs et son image surdéveloppée, se condamne à une fin tragique. L’idée de héros n’est qu’une illusion et cette illusion ne peut perdurer que par la mort. Lorsque survient celle de Jesse James, le spectateur ne ressent strictement rien. En vérité, cette mort est ce qui pouvait lui arriver de mieux. Elle construit le mythe.
La véritable source de souffrance ici est la vision du destin totalement injuste du jeune Robert Ford. Il n’apparaît que comme la victime d’une puissance qui le dépasse. La séquence finale qui met en scène sa triste désillusion est magistralement orchestrée. Dominik nous montre une société qui assassine un innocent. Car au final, le seul assassinat du film c’est le sien. Lorsque Casey Affleck fixe la caméra en mourant, une part du spectateur s’éteint avec lui.
Du cinéma très réfléchi, derrière une illusion de lenteur et d’esthétique qui fait naturellement penser à du Terrence Malick.
jeudi 8 novembre 2007
Novembre: objectifs
La culture du résultat gagne cette page, et devant la production décevante du mois d'Octobre, j'ai au nom de l'équipe rédactionnelle décidé d'intensifier la publication de critiques. Seront donc ici très prochainement évoqués les films suivants :
L'assassinat de Jesse James, par Maxime
Paranoid Park, par Felix
Les promesses de l'ombre, par qui veut
L'assassinat de Jesse James, par Maxime
Paranoid Park, par Felix
Les promesses de l'ombre, par qui veut
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