par Felix
J'ai vu EXILS deux fois, dans des conditions différentes, et j'en ai tiré deux bilans aux allures contradictoires, mais plutôt que de censurer ma première impression, qui m'a laissé au palais un goût d'inachevé, je chercherai ici à exposer les raisons pour lesquelles ce film est un de ceux que j'aime à appeler "film funambule", dans la mesure où il peut être adoré ou detesté, non par acceptation d'un relativisme bon ton mais parce qu'il avance perpétuellement sur une corde raide, criant plus fort que quiconque et à qui veut bien l'entendre, que le cinéma c'est la vie, ne faisant preuve d'aucune pitié pour ceux qui ne veulent y prêter suffisament attention...
Bien sur Romain Duris fait du Romain Duris, son jeu dans ce film est d'ailleurs selon moi le plus abouti de sa filmo, quant à l'émotion brute qu'il dégage (oui plus que dans "De battre....") mais on pourra aussi, aigri, déplorer le manque de subtilité qu'on attendrait d'un grand comédien. A côté de ça, son personnage est attachant, par sa jeunesse, son charisme, sa fragilité sous-jacente et tout ce qui fait qu'il est l'acteur préféré de beaucoup des 15-25 ans, pas forcément à tort d'ailleurs.
Sa partenaire m'a, dans une moindre mesure, également impressionné, son jeu exubérant étonne, surprend, séduit souvent, mais Lubna Azabal énerve aussi, et si je ne m'étais finalement laissé aller au plaisir de me faire porter par le film, je lui reprocherais de ne pas sembler pouvoir nous donner plus que sa folie et sa fougue, à l'image de la scène mémorable, (qui m'a plutôt ennuyé, n'ayant à mon grand regret pas réussi à entrer en transe couché sur mon sofa) au cours de laquelle elle danse jusqu'à l'évanouissement 15 minutes sans discontinuer.
Le scénario simple suffit à emmener avec lui le spectateur car EXILS est un road movie dont le charme tient avant tout dans sa couleur, son " flavour ", son parfum de folie sans concession, qui séduit ou laisse hagard ; car il faut partir avec Zano et Naïma pour aimer leur histoire, un regard distant ne saurait mener qu'à chuter du camion qui les emporte vers l'Algérie, fantôme familial commun, renvoyant à la fois à ce qui les sépare, mais aussi à la force de ce qui les unit. Car EXILS, contrairement à ce qui est écrit quelques lignes plus haut, n'est pas un "road movie", c'est une "love story", c'est "le chemin de l'exil à rebours" mais aussi une "reconquète d'eux mêmes" ( je cite la jaquette du DVD, qui pour une jaquette de DVD, est plutôt intelligente) par les deux protagonistes, en proie à cette chose horrible que quelques centaines de films français ont essayé ces dernières decennies de mettre en scène: les vicissitudes du couple...
Tony Gatlif est le maitre funambiliste, celui qui fait croire que le danger de la chute est toujours présent, celui qui agence les lumières et lance la musique, car EXILS, ce n'est ni un "road movie", pas plus qu' une "love story", c'est un film musical, où se succèdent électro, flamenco, mélodies et rythmes arabo-andalous (normalement on dit "rythmes arabo-andalous" mais il me semble que réduire à des rythmes la musique du maghreb témoigne d'un étrange complexe de supériorité de la part de l'Europe occidentale présupposant que l'écoute de Fauré et Verdi est généralisée dans nos contrées, ce qui n'est pas tout à fait le cas, désolé de l'apprendre aux mélomanes).
Finalement, personne ne tombe, dans cette oeuvre qui n'est ni un "road movie", ni une "love story", ni un film musical, ni un film d'apprentissage. Non, EXILS, pour moi, c'est tout cela, un film funambule...
vendredi 26 octobre 2007
samedi 6 octobre 2007
99 F : la parole à la défense
par David Chaunu
Un trip sous acide halluciné. C'est ce que le duo Jan Kounen / Jean Dujardin vient de nous pondre, en portant sur pellicule l'histoire d'Octave Parango, un publicitaire ignoble, cynique, détestable, "une merde" comme il le dit si bien, dont la vie s'écroule le jour où sa petite amie le quitte. Sans concession, l'adaptation du livre de Frederic Beigbeder offre une critique pleine d'ironie du monde de la pub, de notre société d'images et de consommation. Tout y passe dans cette satire acerbe de notre temps. On y trouve beaucoup d'analogies avec le film de David Fincher, Fight Club, auquel le réalisateur se permet des petits clins d'oeil comme le retour de l'effet Ikea. Mais 99 F n'a rien à envier à son grand frère américain, loin de là. Les thématiques y sont plus clairs (on a toujours pas déterminé si Fight Club était un film facho, anarchique, gay, anti-consumériste ou tout à la fois), la mise en scène de Kounen encore plus déjantée que celle de Fincher. La dénonciation d'une situation se fait encore mieux avec de l'humour, et Dujardin est la clé parfaite pour dérouiller nos zygomatiques. A la fois hilarant et pathétique, détestable et attendrissant, il excèle dans le rôle de ce publicitaire, sabordeur de campagne de pub pour yaourt. Kounen, lui, s'amuse comme un fou. Revenu de ses trips chamaniques Blueberryesque pour mieux y replonger avec cette fois plus de brio, il multiplie plans à couper le souffle, pieds de nez visuels (la séquence d'animation trash où Octave et ses amis, complètement défoncés, renversent de nombreux passants à bord de leur bolide). Le goût de la provocation est loin d'être mort chez le réalisateur de Dobermann. Il signe ici sans doute son meilleur film. Du bon cinéma à petit prix.
Un trip sous acide halluciné. C'est ce que le duo Jan Kounen / Jean Dujardin vient de nous pondre, en portant sur pellicule l'histoire d'Octave Parango, un publicitaire ignoble, cynique, détestable, "une merde" comme il le dit si bien, dont la vie s'écroule le jour où sa petite amie le quitte. Sans concession, l'adaptation du livre de Frederic Beigbeder offre une critique pleine d'ironie du monde de la pub, de notre société d'images et de consommation. Tout y passe dans cette satire acerbe de notre temps. On y trouve beaucoup d'analogies avec le film de David Fincher, Fight Club, auquel le réalisateur se permet des petits clins d'oeil comme le retour de l'effet Ikea. Mais 99 F n'a rien à envier à son grand frère américain, loin de là. Les thématiques y sont plus clairs (on a toujours pas déterminé si Fight Club était un film facho, anarchique, gay, anti-consumériste ou tout à la fois), la mise en scène de Kounen encore plus déjantée que celle de Fincher. La dénonciation d'une situation se fait encore mieux avec de l'humour, et Dujardin est la clé parfaite pour dérouiller nos zygomatiques. A la fois hilarant et pathétique, détestable et attendrissant, il excèle dans le rôle de ce publicitaire, sabordeur de campagne de pub pour yaourt. Kounen, lui, s'amuse comme un fou. Revenu de ses trips chamaniques Blueberryesque pour mieux y replonger avec cette fois plus de brio, il multiplie plans à couper le souffle, pieds de nez visuels (la séquence d'animation trash où Octave et ses amis, complètement défoncés, renversent de nombreux passants à bord de leur bolide). Le goût de la provocation est loin d'être mort chez le réalisateur de Dobermann. Il signe ici sans doute son meilleur film. Du bon cinéma à petit prix.
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